Les cryptomonnaies : bientôt un mode de paiement comme les autres

Le bitcoin est la plus connue des cryptomonnaies, de plus en plus nombreuses, qui sont actuellement disponibles. En tant que commerçant, devez-vous accepter ces cryptomonnaies ? Y a-t-il des risques et comment Worldline peut-elle contribuer à faire du bitcoin un moyen de paiement dans votre commerce ? Johan Maes, de Worldline Innovation Labs, répond à ces questions.

Worldline a lancé en Suisse un produit permettant d’accepter les paiements en cryptomonnaies. Comment cela fonctionne-t-il et quand celui-ci arrivera-t-il en Belgique ?

Johan : Ce que nous proposons en Suisse est très simple : les commerçants disposant d’un contrat pour les paiements par carte peuvent facilement y ajouter des cryptomonnaies. Leurs clients peuvent ensuite payer avec la monnaie digitale de leur choix. Le commerçant reçoit sur son compte le montant en euros (ou en francs suisses dans le cas présent) via Worldline, de la même manière que pour les autres opérations de paiement.

Cela signifie qu’en tant que commerçant, il vous suffit simplement d’ajouter une option supplémentaire à votre terminal de paiement, aux côtés de Bancontact, Payconiq, Visa, Mastercard, etc. Il en va de même pour les paiements en ligne.

La forte volatilité du cours des cryptomonnaies constitue-t-elle un risque pour le commerçant ?

Johan : Non, c’est nous qui prenons ce risque en tant que partenaire de paiement. Nous organisons tout en coulisse. Ce type de transaction est donc légèrement plus coûteux pour le commerçant. Il faut comparer cela avec le paiement à l’étranger. Un Américain qui effectue un achat dans notre pays peut payer en dollars, mais le commerçant recevra des euros. Nous compensons les fluctuations du taux de change. Résultat, le commerçant reçoit toujours le montant correct. Le risque est donc de notre côté. Afin d’avoir la capacité d’absorber ce risque, des coûts sont associés à ces transactions.
 

Les crypto-monnaies sont-elles l’avenir ? En tant que commerçant, dois-je m’engager dans cette voie ?

Johan : Oui, de nombreuses cryptomonnaies vont encore voir le jour. Elles seront mieux réglementées, ce qui les rendra intéressantes comme moyens de paiement quotidiens. Les monnaies non réglementées, comme le bitcoin, font l’objet de nombreuses spéculations. Leurs cours s’envolent. Mais je m’attends à ce que des ‘stablecoins’ (littéralement, des ‘pièces stables’, soient lancés prochainement. Diem, par exemple, la cryptomonnaie de Facebook, serait liée aux taux de change des plus grandes devises mondiales (comme le dollar et l’euro). Cette liaison permettra de garantir une monnaie stable sans grandes fluctuations de cours. La Banque centrale européenne prévoit également de lancer en temps voulu une sorte d’euro numérique.
 

Un stablecoin est donc intéressant ?

Johan : Oui, parce qu’avec une monnaie aussi stable, il y a davantage de certitude. Le bitcoin n’a pas de valeur intrinsèque : si l’intérêt et la demande diminuent, le cours s’effondre et votre argent disparaît en fumée. Un stablecoin est adossé à quelque chose qui a de la valeur : un euro, un dollar, de l’or... Si ce type de cryptomonnaie arrive sur le marché, il devient plus intéressant de l’utiliser pour faire ses achats quotidiens. Et nous nous attendons donc à une augmentation de cette utilisation. Nous constatons maintenant que les propriétaires de bitcoins achètent essentiellement des produits de luxe.

Les grands acteurs internationaux et les banques centrales ne sont pas les seuls à s’intéresser à ces stablecoins. Les collectivités locales peuvent également en faire bon usage, par exemple pour soutenir l’économie locale. Je trouve très intéressante la possibilité de créer une monnaie locale (ayant la même valeur que l’euro). De cette façon, vous pouvez encourager les personnes ou les entreprises à opérer des choix plus écologiques ou socialement responsables, promouvoir les circuits courts et faire en sorte que les incitants financiers reviennent de manière contrôlée aux producteurs et aux commerçants locaux. Pour moi, il s’agit d'une politique véritablement inclusive pour le 21^e siècle.